Nous y sommes ! Le 4ème forum « L’avenir de la mémoire » aura lieu du 1er au 2 mai 2018 au Mémorial du camp de concentration de Neuengamme.
« En choisissant le thème du forum 2018, nous voulions mettre l’accent sur le fait que le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale ont concerné et concernent aujourd’hui encore des personnes des pays les plus différents – du Nord du globe comme du Sud – et chaque fois d’une manière tout-à-fait spéciale »
explique Dr Susann Lewerenz, une des organisatrices du forum. Mme Dr Lewerenz attache beaucoup d’importance aux expériences des victimes venant de pays non-européens, en particulier des anciennes colonies. Elle présente, avec Philipp Bernhard de l’Université d’Augsbourg, le projet de coopération « Croisement. Raisonnement et actions colonialistes et racistes sous le régime nazi : Conditions, formes et conséquences ». Dans le cadre de ce projet, en partie financé par la fondation « Erinnerung, Verantwortung und Zukunft (EVZ) » (Souvenir. Responsabilité et Avenir), et auquel outre le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme, l’Université de Hambourg et l’Université de Augsbourg participent, des dossiers destinés à des multiplicateurs dans le domaine de l’Education scolaire et périscolaire sont élaborés.
Mme Dr Lewerenz présente les dossiers éducatifs à un groupe d’étudiants lors d’une visite au Mémorial de Neuengamme. © Mark Mühlhaus, attenzione photographers, 2017.
Le projet de Mme Dr Lewerenz et de M. Bernhard se concentre en perspective historique sur les destins de personnes d’origine non européenne pendant le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale, tandis que le projet participatif présenté par Kathrin Herold et Appolinaire Apetor Koffi (Denkort Bunker Valentin, Brême) « Multi-peRSPEKTif » focalise sur les expériences et les perspectives rapportées aujourd’hui par les migrants et réfugiés par rapport à cette histoire.
Appolinaire Apetor Koffi, Ali Naki Tutar et Kathrin Herold (de gauche à droite) présente le projet « MultipeRSPEKTif » lors du séminaire des initiatives et mémoriaux sur les sites des anciens kommandos du camp de concentration de Neuengamme en novembre 2017. © Dr Susann Lewerenz
Avant qu’une personne ne puisse être un multiplicateur, elle doit être elle-même familiarisée avec ce thème et elle doit débuter une réflexion concernant les propres positions. Lors du forum cette année, quelques projets seront présentés, projets proposant aux jeunes différents accès au thème du national-socialisme et de la Seconde Guerre mondiale. Le Mémorial de Neuengamme travaille avec des lycéens de Hambourg à un projet de théâtre titulé « BLICKWECHSEL. Globale Dimensionen des Zweiten Weltkrieges » (changement de regard. Dimensions globales de la Seconde Guerre mondiale). Les adolescents expriment dans cette pièce de théâtre leurs réflexions concernant le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale en tant qu’évènements de dimensions historiques globales. Lors du forum, des participants informeront sur l’avancée de leur pièce de théâtre. « BLICKWECHSEL » sera représentée pendant la cérémonie commémorative du 3 mai au Mémorial du camp de concentration de Neuengamme.
Viktoriya Kutdusova, ancienne volontaire ASF au Mémorial de Neuengamme et participante au projet de film « Our (Hi-)Story » en 2016, s’entretient avec Natascha Assies, membre de la Stichting Vriendenkring Neuengamme, Pays-Bas, lors du Forum 2017 © KZ-Gedenkstätte Neuengamme.
Deux des autres projets présentés se consacrent aux expériences de jeunes de différents pays. Ils sont animés par le souhait de renforcer la culture de la mémoire commune en Europe : Mme Gisela Ewe, collaboratrice du Service pédagogique du Mémorial du camp de concentration de Neuengamme, et M. Daniel Tonn, collaborateur du Service pédagogique du Mémorial de Bergen-Belsen, présenteront leur projet réalisé avec des jeunes d’Allemagne et de pays de l’Europe de l’Est.
Lors de la présentation du programme de visites destiné à de jeunes adultes de Minsk, quelques participants accompagneront Mme Ewe. La visite du groupe a été sciemment programmée pendant les évènements organisés par le Mémorial du camp de concentration de Neuengamme à l’occasion de la commémoration de la fin de la guerre et de la libération des camps de concentration, ceci pour permettre à ces jeunes invités d’avoir un aperçu de l’organisation de tels événements en Allemagne.
Gisela Ewe (à droite) écoute Yvonne Cossu-Alba, Présidente d’honneur de l’Amicale de Neuengamme et de ses commandos pendant le forum 2017 © Dr Susann Lewerenz
La culture mémorielle dans les différents pays et sa perception dans le contexte de la propre histoire familiale est aussi thématisée par l’entretien sur le podium « Expériences dans les pays en Europe sous occupation allemande – victimes, suiveurs, collaborateurs, complices et bourreaux : perspectives de descendants »
« Je suis très heureuse que Mme Yvonne Cossu-Alba, membre de l’Amicale française de Neuengamme, Mme Urzula Derengowska-Spinkiewicz, membre de l’Amicale polonaise de Neuengamme, et Mme Nicole Duijkers, membre de l’Amicale néerlandaise de Neuengamme aient été disposées à parler de l’histoire de leur famille et de nous donner une idée de l’attitude de leur propre pays envers les détenus ainsi que des thèmes de la collaboration et des (co-)responsables des crimes »,
rapporte Swenja Granzow-Rauwald, modératrice de cet entretien et co-organisatrice du Forum.
Mme Urzula Spinkiewicz a passé sa petite enfance dans la ville de Varsovie occupée. © Dr Susann Lewerenz
Mme Cossu-Alba et Mme Derengowski-Spinkiewicz étaient enfants quand leurs pères ont été arrêtés. Les deux pères sont morts dans les camps de concentration. Depuis des décennies, elles sont œuvrent dans les associations fondées par des survivants du camp de concentration de Neuengamme. Elles observent de près les changements dans la mémoire des anciens détenus des camps de concentration. Mme Duijkers est engagée depuis longtemps dans l’association néerlandaise. Cependant, elle n’a jamais connu son grand-père, Jan Duijkers. Tout comme Robert Alba et Jan Derengowski, il n’a pas survécu à sa déportation. Bien que son activité dans l’association soit une forme d’héritage de son père, le fils de Jan Duijkers, Mme Duijkers est la première dans sa famille à s’être donné pour tâche de connaître les détails de l’histoire de son grand-père. Elle sait déjà que son histoire a de nombreuses facettes, certaines difficiles. C’est pourquoi Mme Duijkers suit avec intérêt comment la société néerlandaise gère cette page d’histoire, d’autant plus qu’il faut aussi se rappeler les parties d’ombre.
La discussion « L’approche des expériences de violence d’autres dictatures – différences et points communs » illustre que le regard critique sur la mémoire du national-socialisme et de la Seconde Guerre mondiale est formé par les comparaisons vis-à-vis d’autres dictatures. Les trois participants à cette discussion ont en commun leur étude du génocide au Rwanda. Alors que Dr Gerd Hankel, collaborateur scientifique de la « Hamburger Stiftung zur Förderung von Wissenschaft und Kultur » (Fondation hambourgeoise pour la promotion de la science et de la culture), se concentre sur la poursuite juridique du génocide, Mme Stanislawa Jevic, conseillère artistique au théatre Schauspielhaus Hamburg a choisi une approche artistique avec la pièce « Lügen » (mensonges).
Participants de la Audiencias Memoriales et ses sympathisants (Jordi Palou-Loverdos, second rang, 3ème de droite) © Jordi Palou-Loverdos
Jordi Palou-Loverdos, responsable principal du projet « Audiencias Memoriales» en Catalogne, a très activement participé à la préparation et à la réalisation du « Dialogue IntraRuanda ». Les expériences qu’il a faites au sein des commissions de vérité et de réconciliation influencent aussi son approche des organisations des Audiencias Memoriales en Catalogne qui réunissent les responsables et victimes de la dictature de Franco en Espagne.
Vous pouvez charger ici la totalité du programme : Programme du forum « L’avenir de la mémoire » 2018
Une inscription formelle est nécessaire. Pour les frais de restauration, nous demandons une participation de 60,00 € / 30,00 € tarif réduit.
Si vous êtes intéressés, adressez-vous à : Sophia Annweiler, KZ-Gedenkstätte Neuengamme, Tél. : +49 (0)40 428 131 543, email : Studienzentrum@bkm.hamburg.de
Lieu du séminaire : KZ-Gedenkstätte Neuengamme, Jean-Dolidier-Weg 75, 21039 Hambourg
Traduit par Christine Eckel
