Échange sur les possibilités d’une mémoire vivante
Du 30 avril au 2 mai 2016, le Mémorial de Neuengamme organisa le deuxième forum annuel « L’avenir de la mémoire ». 50
personnes avaient accepté l’invitation pour discuter des nouvelles voies de la mémoire européenne. Parmi elles, des représentants des amicales nationales dans lesquelles sont organisés des survivants du camp de Neuengamme et des familles de déportés, d’autres descendants de déportés qui ne sont pas membres d’une amicale, des descendants de bourreaux nazis, des collaborateurs du Mémorial de Neuengamme, de jeunes participants du projet „C’est quel film qu’on joue ici?“ et le public intéressé.
Deux axes ont déterminé le programme du forum: d’une part, la discussion sur les motifs des descendants de personnes persécutées et des descendants de bourreaux de parler de leur histoire familiale en public ; d’autre part, il s’agissait d’intégrer activement davantage de personnes dans le discours sur les formes constructives de la mémoire. Ces sujets étaient reliés par l’idée que ceux qui parlent publiquement de leur histoire familiale démontrent l’importance que les crimes nazis ont encore dans notre présent, et par l’idée que ces personnes-là donnent en même temps le courage à d’autres d’aborder leur propre histoire familiale.
Présentation de projets actuels
Lors du forum „L’avenir de la mémoire » en 2015, un grand nombre d’idées avait été présenté et puis développé au fil des mois suivants par certains participants. Les projets en cours ont alors été présentés cette année.
Visualisation des noms des survivants du camp de Neuengamme
Déjà en 2014 lors de la rencontre des générations, le précurseur du forum « L’avenir de la mémoire », Uta Kühl, fille de déporté, avait revendiqué qu’au Mémorial de Neuengamme soit également mentionné les noms des survivants du camp. Lors du Forum « L’avenir de la mémoire » en 2015, l’idée avait été discutée et avait mené à la création du groupe de travail « visualisation » (Sichtbarmachung) qui présenta son concept ainsi que les entretiens qui avaient eu lieu avec le Mémorial de Neuengamme.
Un monument « en évolution » ?
Le groupe de travail revendique un monument « en évolution », c’est-à-dire un monument se trouvant dans un processus d’évolution continue permettant d’exprimer les liens que des survivants du camp de Neuengamme et leurs familles ont avec le Mémorial de Neuengamme. L’évolution devrait se faire à partir des démarches d’anciens déportés, de familles de déportés, d’amis, d’associations ou d’amicales, mais aussi d’autres personnes intéressées, par exemple des groupes d’élèves qui proposeraient de nouveaux noms. Les archives du Mémorial de Neuengamme se chargeraient de vérifier les noms. La mise en place des nouveaux noms pourrait avoir lieu chaque année, sans doute lors des cérémonies commémoratives au mois de mai. Le monument pourrait être complété par une plateforme virtuelle, par exemple par un sous-domaine de ce blog. Des informations sur les personnes mentionnées, des lettres, photos ou autres pourraient y être téléchargées.
Tom Devos du N.C.P.G.R. – Meensel-Kiezegem ’44 propose de présenter au groupe de travail les expériences de son association avec sa plateforme virtuelle.
Réalisation du projet
En vue d’obtenir une ébauche adéquate pour le monument, le groupe de travail suggère la mise en place d’un concours pour les étudiants des Beaux-Arts à Hambourg. Ainsi, les frais pourraient également être minimes.
En ce qui concerne les frais de la mise en place des nouveaux noms, le groupe de travail propose des parrainages pour obtenir des soutiens financiers. Le projet est soutenu par le Freundeskreis KZ-Gedenkstätte Neuengamme e.V. en étroite collaboration avec le Mémorial de Neuengamme.
Actuellement, l’emplacement du monument sur le site du Mémorial de Neuengamme n’est pas encore fixé. Tandis que le Mémorial de Neuengamme propose l’espace commémoratif situé derrière la stèle du mémorial international, le groupe de travail souhaite un endroit plus visible sur le site de l’ancien camp, un endroit plus fréquenté par des visiteurs. De plus, beaucoup de personnes associent cet espace commémoratif tout d’abord avec la commémoration des détenus assassinés. Detlef Garbe, directeur du Mémorial de Neuengamme, rappelle que la stèle du mémorial international de 1965 avait été érigée en mémoire de tous les déportés. On ne devait alors pas instaurer de séparation artificielle entre les déportés assassinés et les déportés ayant survécu.
Séminaire de dialogue et séminaire de familles
En mars 2016, de nouveaux ateliers ont été proposés par le Mémorial de Neuengamme en vue d’un échange de l’histoire familiale : « Faire connaissance – malgré tout » et « Mon, ton, notre histoire ».
Swenja Granzow-Rauwald parla des expériences qu’elle et sa co-modératrice Victoria Evers avaient faites lors de l’atelier « Mon, ton, notre histoire » qui s’adressa aux familles de déportés et d’autres personnes persécutés sous les nazis. Au centre de l’atelier se situaient les discussions entre les descendants de victimes de persécutions politiques et racistes, mais aussi de travailleurs forcés, au sujet des souhaits des participants dans le cadre de la mémoire publique et privée. Le consensus des participants fut que leur entourage ne portait que peu d’intérêt à leur histoire familiale. S’en suivit un débat autour de la question s’il y avait certains groupes de victimes qui avaient souffert davantage sous les nazis. Ce fut uniquement au moment où les participants eussent présenté des objets de souvenir et leurs histoires que ce conflit s’effaça. En conclusion, il s’est avéré que certains participants auraient souhaité une orientation plus thérapeutique, tandis que d’autres avaient ressenti un besoin d’aide dans leurs recherches sur l’histoire familiale.
Ulrich Gantz présenta l’atelier de dialogue « Faire connaissance – malgré tout ! » qui s’adresse aux descendants de victimes et aux descendants de bourreaux, un atelier qu’il a conçu et dirigé avec Swenja Granzow-Rauwald. Pour le choix des participants, ils avaient cherché à obtenir une composition paritaire. Les discussions et les exercices tournaient autour de la question de savoir ce que les participants voulaient transmettre à leur famille, mais aussi à la société. Certains participants eurent souhaité plus de temps pour parler de leur propre histoire familiale, mais les animateurs avaient rejeté cette demande durant la conception de l’atelier : le but n’était pas une juxtaposition d’histoires, mais un échange sur la question de savoir dans quelle mesure l’histoire familiale eut un impact sur la vie des descendants.
Collaboration des amicales d’anciens déportés et leurs descendants avec le Mémorial de Neuengamme
L’étroite collaboration des amicales d’anciens déportés et de leurs descendants avec le Mémorial de Neuengamme a une longue tradition. En partant de ce constat, Jean-Michel Gaussot, président de l’Amicale Internationale KZ Neuengamme et secrétaire général de l’Amicale française de Neuengamme présenta les points qui devraient encore être améliorés.
Tout d’abord, on peut constater une barrière linguistique. L’allemand et l’anglais, les langues dont se sert le Mémorial dans sa communication, ne sont pas parlées par tous les membres des amicales. De plus, un important élément de liaison entre les amicales et le Mémorial risque de s’effacer avec la disparition des anciens déportés. Jean-Michel Gaussot fait appel aux amicales de contribuer davantage à ce blog et de promouvoir des rencontres tels que le forum « L’avenir de la mémoire ».
Detlef Garbe, directeur du Mémorial de Neuengamme, ajouta que l’implication des amicales dans le travail du Mémorial constitue un élément essentiel afin que celui-ci ne soit pas seulement une institution publique. Elles contribuent à ce que le Mémorial reste ancré dans la société ; Detlef Garbe espère qu’en collaboration avec les amicales, le réseau international pourra être encouragé et le lobby du Mémorial renforcé. Un autre objectif important porte sur le renforcement de la collaboration avec des mémoriaux internationaux, surtout avec ceux qui rappellent, par exemple, les camps de transit, par lesquels des détenus avaient été déportés au camp de Neuengamme.
Projet de film pour de jeunes adultes
Lors du forum « L’avenir de la mémoire » fut présenté le projet de jeunes adultes intitulé « C’est quel film qu’on joue ici ? ». Dans le cadre d’une table ronde, les sept participants âgés de 15 à 26 ans discutèrent – avec les deux monitrices du projet – les expériences qu’ils avaient faites durant les recherches sur leur histoire familiale et ils parlèrent de la question « Que signifie mon (non-)savoir sur mon histoire familiale pour ma vie aujourd’hui ? », question qu’ils traitent dans leurs films stop-motion. Après la projection de la compilation commune de leurs films, une participante, Birgit Stick, déclara que pour elle, la scène décisive du film commun était le moment où Franciska Henning, dont l’arrière-grand-père fut nommé « moineau » et qui apparaît dans le film en oiseau, salue son arrière-grand-père qui se pose – justement représenté comme un moineau – sur son épaule. Pour Birgit, cet instant symbolise le lien entre l’histoire familiale et le présent des jeunes.
Rendre public l’histoire familiale
Parmi les participants du forum „L’avenir de la mémoire“, les jeunes adultes n’étaient pas les seuls à rendre publique leur histoire familiale. Le second jour du forum était entièrement dédié à ces réflexions publiques. Dans la matinée, Karin Heddinga discuta avec Victoria Evers, petite-fille d’un déporté polonais du camp de Neuengamme, avec Arend Hulshof, arrière-petit-fils d’un déporté néerlandais assassiné au camp de Neuengamme ainsi qu’avec Ralph Schwerdt, le fils du commandant du camp de Neuengamme Martin Weiß, et avec Rinke Smedinga, fils d’un membre SS néerlandais, sur leurs motifs de rendre publique leur histoire familiale.
Arend Hulshof expliqua qu’avec son livre récemment paru sur son arrière-grand-père, « Rijpstra’s ondergang », un maire néerlandais, il ne voulait pas seulement parler de ses activités de résistance, mais aussi des moments où il avait commis des actes de collaboration. Le livre de Hulshof est le premier livre qui se penche sur ce sujet aux Pays-Bas.
Tandis qu’Arend Hulshof n’a jamais pu rencontrer son arrière-grand-père assassiné au camp de Neuengamme, Victoria Evers fut très proche de son grand-père jusqu’à son décès, et pourtant, elle n’eut pas d’informations précises sur sa déportation dans les camps de concentration. Il a toujours voulu protéger sa fille et sa petite-fille de cette histoire, c’est pourquoi Victoria Evers commença seulement après sa mort à se pencher sur cette partie de sa vie et d’en parler publiquement lors de conférences.
Dans les familles des deux descendants de bourreaux nazis, on parla de la guerre, mais il s’agissait toujours de versions enjolivées et glorifiées. Comme son père biologique, le commandant de camp de concentration, fut exécuté avant sa naissance, Ralph Schwerdt ne l’a jamais connu. Etudiant, il s’intéressait déjà à son histoire familiale, mais il a seulement trouvé le courage d’en parler publiquement une fois à la retraite, car il craignait de compromettre sa réputation de médecin. L’attention qu’on lui prête ainsi qu’à sa famille depuis la parution d’un texte dans le livre « Nationalsozialistische Täterschaften. Nachwirkungen in Gesellschaft und Familie » ne lui a d’abord pas fait plaisir, mais petit à petit, il s’y habitue.
L’approche de Rinke Smedinga à son histoire familiale est différente de celle des autres participants de la table ronde : Il
compose des poèmes sur la question de savoir ce que cela signifie d’avoir un « faux » Néerlandais comme père. Dans un de ses poèmes, il explique avoir compris encore enfant qu’il avait « perdu » son père, qui glorifiait toujours l’époque de la guerre, déjà pendant la guerre même. Aujourd’hui, Rinke Smedinga parle souvent en public de son histoire familiale devant des élèves ou d’autres groupes. Une autre particularité dans sa vie prouve que le passé de la première génération n’influence pas forcément la vie des descendants : Il est marié depuis 25 ans à Martine Letterie, la petite-fille d’un déporté néerlandais assassiné au camp de Neuengamme. Le couple parle publiquement de leur situation, quand les deux côtés de la guerre sont présentes dans la même famille.
Les sujets présentés dans la matinée ont été discutés en petits groupes dans les ateliers de l’après-midi. Les recherches concernant l’histoire familiale furent perçues comme un pas vers la dissolution de mythes familiaux, mais aussi comme la clé permettant une meilleure compréhension, par exemple de traumatismes familiaux.
Il est apparu que finalement, il y avait des points communs entre les descendants des victimes et ceux des bourreaux. Comme les deux groupes sont aussi hétérogènes que les expériences de la première génération, on ne peut pas trouver d’étiquette unique. Mais les participants étaient d’accord sur le fait que la 2ème génération était confrontée à un défi, surtout sur le plan émotionnel, tandis qu’il était plus facile pour la 3ème et 4ième génération de faire preuve d’une certaine objectivité, surtout quand elle n’a plus connu la première génération.
Les participants ont préféré parler de « responsabilité » sociale plutôt que du « devoir » de parler de l’histoire familiale. Il ne s’agit pas de la responsabilité des descendants de personnes connues, mais de celle d’un « large milieu », qui pourrait fournir des aperçus sur une partie pas encore assez connue de l’histoire. Dans un des ateliers, quelques participants, qui pourtant portent un regard critique sur l’approche de l’Allemagne d’après-guerre sur son passé nazi, préfèrent ne pas analyser les actions des membres de leur famille, mais souhaitent les considérer comme des Allemands « normaux ».
Davantage de participation pour l’avenir de la mémoire
Le point de départ des discussions du dernier jour du forum « L’avenir de la mémoire » fut la question de savoir comment inciter davantage de personnes à participer de manière active à la discussion sur l’importance de l’histoire du national-socialisme dans la vie d’aujourd’hui.
Mise en place d’un réseau sur internet
Tom Devos et Swenja Granzow-Rauwald présentèrent les possibilités de l’internet pour la création d’un réseau sur le thème « avenir de la mémoire ». Tom Devos expliqua la base de données flamande que l’association N.C.P.G.R.-Meensel-Kiezegem ’44 gère depuis deux ans et qui a comme but de permettre au public d’accéder à des informations concernant les victimes, mais aussi les bourreaux. Pour les usagers, il est très important de savoir sur quelles sources se basent les informations. Cette offre est accessible sur le site internet de l’association et est également complété par des contributions actuelles, entre autres des articles de journaux. Le site compte environ 2.500 visiteurs par mois et le bulletin d’information a entre 400 et 500 abonnés. Mais ni la fonction permettant de faire des commentaires, ni le site facebook de l’association n’ont été beaucoup fréquentés jusqu’à ce des photos historiques aient été téléchargées ce qui a alors engendré des discussions. Tom Devos rappela qu’en même temps, il y avait non seulement les offres sur internet, mais aussi beaucoup de conférences et de manifestations dans le monde analogue. L’intérêt que beaucoup y porte devrait être utilisé pour l’offre sur internet.
Swenja Granzow-Rauwald présenta ses idées en vue d’une meilleure utilisation du blog „Reflections on Family History Affected by Nazi Crimes“ pour la mise en réseau des personnes à la recherche d’une discussion constructive autour de leur histoire familiale. On ne devrait pas se limiter à ceux qui ont un lien direct avec l’histoire du camp de Neuengamme, mais s’étendre à ceux qui n’auraient sinon pas accès à une telle opportunité. Pour joindre dans le monde entier des personnes dont les histoires familiales ont été influencées par les crimes nazis, Swenja Granzow-Rauwald compte renforcer la traduction dans plusieurs langues des articles du blog. Actuellement, la majorité des articles sont accessibles en allemand et dans des traductions en anglais. Mais jusqu’à présent, seulement peu d’articles ont été publiés en français, en néerlandais ou en espagnol. Swenja Granzow-Rauwald s’adressa aux participants, et surtout aux représentants des amicales nationales, de recruter des volontaires, qui pourraient – de temps à autre – traduire un article. Plus le nombre de traducteurs volontaires est élevé, moins il y a de travail pour chacun. Une plus grande variété de langues contribuerait éventuellement à inviter plus de personnes à commenter les articles sur le blog. Il serait aussi possible de créer un groupe sur Facebook qui pourrait discuter les articles. La création d’une table ronde en ligne pourrait aussi permettre de discuter des sujets importants non seulement durant les forums annuels, mais déjà bien plus tôt. En premier lieu, un groupe d’experts pourrait discuter publiquement sur le blog, avant d’ouvrir la discussion à d’autres personnes intéressées. Les discussions pourraient être archivées sur le blog.
La réalisation de toutes ces idées dépend de la participation des personnes présentes. Si celles-ci s’adressaient directement à des personnes et des groupes pouvant être intéressés, le blog deviendrait ainsi plus connu. Des discussions peuvent uniquement naître si des personnes sortent de leur « zone de confort » et rendent publiques des contributions se prêtant à la discussion.
Quelques participants avancèrent qu’il était difficile de faire de la publicité pour le blog vu son nom rebutant. Swenja Granzow-Rauwald expliqua que ce nom était devenu nécessaire quand on s’était rendu compte que sinon, on ne pouvait pas se différencier suffisamment des personnes qui sont seulement intéressées par des questions de généalogie en général.
D’autres participants souhaitaient un espace protégé comme lors du forum « L’avenir de la mémoire ». Swenja Granzow-Rauwald répliqua que le groupe sur Facebook pourrait être un tel lieu protégé, car l’accès à ce groupe se ferait seulement sur invitation. Le blog et la table ronde sont, quant à eux, entièrement publics. La page Facebook a également cette fonction publique. Ces différents canaux permettent de joindre des personnes très différentes, voilà pourquoi tous devraient être mis à disposition.
Rencontres internationales de la jeunesse
Martine Letterie, présidente de l’amicale néerlandaise Stichting Vriendenkring Neuengammeet vice-présidente de l’Amicale Internationale KZ Neuengamme e, et Katharina Hertz-Eichenrode souhaitent grâce à leurs projets impliquer surtout les jeunes génération dans le travail du Mémorial de Neuengamme. Martine Letterie présente un projet bien préparé, les voyages annuels d’élèves d’un collège d’Eindhoven au Pays-Bas. Les élèves se concentrent durant leur visite sur le mémorial du Bullenhuser Damm, car leur collège est nommé d’après les frères Hornemann qui y furent assassinés. La motivation des participants est assurée par le fait qu’ils doivent poser leur candidature pour pouvoir participer.
Par contre, les élèves d’Eindhoven n’ont pas de contact avec des Allemands de leur âge. C’est ici que Katharina Hertz-Eichenrode présente un projet qui se trouve encore dans la phase préparatoire. Le cadre correspond d’abord à un échange scolaire classique, durant lequel les élèves allemands et néerlandais se rendent visite. Mais le programme pose une nouvelle question : « Comment ça se passe chez vous avec la mémoire ? ». Les particularités nationales ainsi que les aspects communs sont au centre de l’attention en vue de renforcer une mémoire européenne. Pour que les élèves trouvent une approche créative au sujet de la mémoire, ils pourraient élaborer ensemble un « objet de mémoire » qui serait exposé dans les deux pays. Même si des collèges ont déjà montré un fort intérêt pour le projet, celui-ci s’est heurté jusqu’à présent à des difficultés d’insertion dans l’emploi du temps scolaire ainsi qu’au fait que l’acquisition de fonds est fort absorbante.
Il est plus facile pour des étudiants de participer à ces voyages, comme le démontre un projet pour des futurs enseignants des Pays-Bas. Martine Letterie souhaite que ces étudiants ne visitent plus seulement le Mémorial de Ravensbrueck, mais aussi le Mémorial de Neuengamme. Durant ce projet, qui devrait se dérouler en coopération avec des mémoriaux néerlandais, le groupe pourrait suivre le parcours d’un convoi de déportés.
Durant la discussion qui suivit la présentation des projets, Oliver von Wrochem, responsable du Centre d’études du Mémorial de Neuengamme, présenta l’idée d’inviter pour le prochain forum « L’avenir de la mémoire » un groupe international de jeunes. Il s’adressa aux amicales qui pourraient informer des personnes intéressées.
Le forum „L’avenir de la mémoire“ 2017 et d’autres rencontres
Jean-Michel Gaussot, président de l’Amicale Internationale KZ Neuengamme et secrétaire général de l’Amicale française de Neuengamme, présenta les idées pour le prochain forum « L’avenir de la mémoire ». Il attira l’attention sur la nécessité de mettre l’accent sur une plus forte mise en relation avec le présent et les problèmes qui se posent aujourd’hui en Europe. Les leçons de l’époque national-socialiste doivent être abordées de telle manière qu’on puisse les appliquer dans les défis actuels et futurs. A la base, il ne changerait pas le concept du forum, du moins en ce qui concerne les participants et le lieu de rencontre. Par contre, les barrières linguistiques devraient davantage être surmontées. Et bien que le regard soit porté sur le présent, l’aspect de la commémoration ne devrait pas être négligé durant ces rencontres.
Ulrich Gantz compléta ces présentations par le rappel des valeurs européennes et la nécessité de cultiver les liens amicaux au-delà des frontières. Il regretta qu’il n’y ait eu à ce forum aucun participant de l’Europe de l’Est et développa des idées qui pourraient renforcer les contacts vers ces pays. Par exemple, le lieu des rencontres pourrait faciliter la participation de personnes venant des pays de l’Est, pour lesquelles le voyage est plus difficile. De plus, l’ouverture du groupe des participants à des personnes n’ayant pas de lien direct avec l’histoire du camp de Neuengamme pourrait enrichir les échanges. Ces suggestions furent accueillies positivement, par contre, les questions de financement et d’infrastructure représenteraient un considérable obstacle.
Discussion de clôture
En clôture du forum „L’avenir de la mémoire“, Swenja Granzow-Rauwald proposa de reparler du projet de la visualisation des noms des survivants, car il semblait y avoir encore un certain besoin de discussion. Barbara Hartje, présidente du Freundeskreis KZ-Gedenkstätte Neuengamme e.V. et membre du groupe de travail „visualisation“ déclara qu’elle était en faveur d’un monument dédié à tous les déportés. Le groupe de travail n’avait pas eu l’impression qu’un monument pour les survivants signifierait une division ou une dichotomie. Elle ajouta que l’accent était mis sur l’aspect participatif. Cet aspect engendra la critique, car ainsi, des personnes seraient discriminées si personne ne proposait leur nom pour le monument. Ulrich Gantz rappela de plus que, pas tous les survivants voulaient être mentionnés avec leurs noms et qu’il y avait également des descendants qui ne soutenaient pas l’idée de la visualisation. La protection des données reste donc un point primordial.
D’autres réactions des participants montrèrent que beaucoup auraient souhaité plus de temps pour des conversations avec d’autres participants et qu’également beaucoup auraient préféré plus de temps pour les ateliers.
Le système « buddy » – l’attribution d’un partenaire tandem à chaque jeune participant – engendra des réactions positives, car ainsi, les jeunes participants auront pu faire la connaissance de davantage de personnes
Traduction : Christine Eckel